Vocabulaire de véto – Comprenons-nous mieux !
22/11/2019
En consultation, il peut arriver que le vétérinaire ne prenne pas le temps de correctement expliquer les termes qu’il utilise. Généralement, si ceux-ci sont très spécifiques, il en précisera le sens. Mais aujourd’hui, je voulais vous parler de mots qui sont connus de tous mais dont le sens du point de vue médical n’est pas toujours évident.
Tumeur ?
Une tumeur (ou néoplasie) correspond à un tissu dont la croissance est dérégulée et dont le volume augmente. Les tumeurs peuvent être bénigne ou maligne.
Si elle est bénigne, elle n’aura que peu d’impact sur la qualité et l’espérance de vie de votre animal. Dans la très grande majorité des cas, ce type de tumeur est complètement inoffensif et aucun traitement n’est nécessaire.
Si la tumeur est maligne, alors on peut parler de cancer. Une des caractéristiques spécifiques aux cancers est qu’ils peuvent s’étendre au-delà des limites “normales” de l’organe atteint et toucher d’autres tissus. Soit par contact direct, soit à distance. Dans ce deuxième cas, on parle de “métastases”. Une métastase, c’est donc un bout de tumeur maligne qui va passer dans la circulation sanguine (ou lymphatique) pour se développer à distance du site primaire (par exemple dans les poumons). C’est cette caractéristique qui rend les cancers si difficiles à traiter. Mais si une tumeur maligne est enlevée avant qu’elle n’ait eu le temps de se propager, alors la guérison est complète ! Malheureusement, il y a tout de même deux problèmes par rapport à ce point :
1) Il est fréquent que la tumeur ait déjà métastasé au moment du diagnostic (c’est quasi systématiquement le cas pour les cancers osseux).
2) il est impossible d’être sûr qu’il n’y a aucune métastase. Ce qu’on peut faire de mieux est de s’assurer qu’il n’y aucun “signe visible” de métastases. Mais il existe toujours une possibilité que la métastase soit trop petite pour être repérée au moment du diagnostic et se développe donc après le retrait de la tumeur primaire. Maintenant, même si ce risque existe, l’absence de métastases visibles reste un signal très positif et ne devrait pas vous dissuader d’enlever chirurgicalement la tumeur si c’est possible.
Souvent, la différenciation “bénin” ou “malin” n’est pas évidente et nécessite un examen microscopique du tissu touché.
Maladie chronique ?
Le premier critère qui détermine si une maladie est aigue ou chronique est sa durée.
Une maladie aigue sera généralement d’apparition et d’évolution rapide. Une maladie chronique sera très souvent installée depuis quelques temps avant d’être diagnostiquée, et aura une évolution plus ou moins lente.
Une autre différence essentielle est qu’une maladie chronique est une maladie qui ne guérira vraisemblablement pas spontanément et surtout, qui ne peut pas être guérie uniquement par des médicaments ! Dans certains cas, elle peut être guérie par de la chirurgie, et dans d’autres cas, elle ne peut pas être guérie du tout. Attention, “non guérissable” ne signifie pas “non traitable” ! En effet, pour de nombreuses maladies chroniques, il existe des traitements visant à en ralentir l’évolution ou à en gérer les symptômes. Mais dans ce cas, si les signes cliniques peuvent diminuer voire disparaître, la maladie est toujours bien là et le traitement devra probablement être pris “à vie”.
Voici quelques exemples de maladies chroniques qui peuvent être traitées mais pas guéries (en médecine vétérinaire) : insuffisance rénale chronique, arthrose, diabète, asthme du chat, insuffisance cardiaque, …
Maladie aigue ?
A l’inverse, une maladie aigue aura une évolution plutôt rapide, avec 3 issues possibles :
– Guérison (avec ou sans l’aide d’un traitement). Ici on parle bien de guérison, c’est-à-dire que la maladie ne sera plus présente dans l’organisme.
– Décès de l’animal
– Passage à la chronicité.
En réalité, la très grande majorité des affections qui touchent nos animaux sont aigues et bénignes. Mais dans ces cas-là, on ne précisera généralement pas que la maladie est aigue. Par exemple, si votre chien a vomi 2 fois dans la matinée, on pourrait vous dire ”il a une petite gastrite”, plutôt que “il souffre d’une gastrite aigue”, qui semblerait beaucoup plus effrayant !
Du coup, on utilisera le terme “aigu” principalement pour les cas graves (insuffisance rénale aigue, pneumonie aigue, …), ce qui explique, je pense, la mauvaise compréhension de ce terme.
Traitement symptomatique ?
Le traitement symptomatique est le premier traitement qui sera donné. Son but est de gérer les symptômes le temps que le système immunitaire s’occupe de la cause. Par exemple, pour le chien à la petite gastrite de tout à l’heure, un traitement symptomatique serait de lui donner un anti-vomitif. Ce traitement n’agira pas sur la cause des vomissements. Donc si cette cause est finalement autre chose qu’une petite gastrite, alors le traitement ne sera pas efficace, ou pas longtemps.
C’est ce type de traitement qui sera donné en première intention lorsque le vétérinaire considérera que la maladie de votre animal est peu sévère et ne nécessite pas plus d’investigations. L’évaluation de la sévérité d’une maladie n’est pas toujours évidente et dépendra, bien sûr, de l’examen de votre animal, mais aussi de ce que vous pourrez nous apprendre sur l’historique” de cette maladie ! Il est donc important de bien tout nous dire !
Et puisqu’on parle un peu de vocabulaire, l’historique de la maladie et la description des symptômes que vous avez remarqués à la maison s’appelle “l’anamnèse”.
Traitement étiologique ?
Le traitement étiologique, quant à lui, est le traitement de la cause à proprement parler. Pour notre pauvre chien qui vomit toujours après son traitement symptomatique, si vous retournez chez votre vétérinaire (ce qu’il faut toujours faire si ça ne va pas mieux !), il pourrait vous proposer de réaliser des examens complémentaires, pour en savoir un peu plus. Parmi ceux-ci, il pourrait, par exemple, faire des radios et s’apercevoir qu’il y a un bout de balle en plastique dans son estomac !
Ce corps étranger irrite la paroi de l’estomac, ce qui en provoque l’inflammation (une gastrite !), ce qui provoque des vomissements. Le traitement étiologique, dans ce cas, consistera donc à enlever ce bout de plastique (par chirurgie ou par endoscopie). Ce traitement n’aura par contre pas d’effet direct sur la gastrite et devra donc être accompagné d’un traitement symptomatique.
(Dans cette situation, en pratique, il est tout de même assez rare que vous n’ayez rien vu d’autre que des vomissements et que l’examen général du chien soit parfait).
Il me semble assez important d’insister sur le fait que diagnostiquer la cause d’un symptôme nécessite presque toujours de réaliser des examens complémentaires. Pour vous éviter des frais inutiles, ceux-ci ne seront pas systématiquement prescrits si l’examen général de l’animal ne les justifie pas.
Il faut d’ailleurs noter que la médecine humaine fonctionne de la même façon : si votre état ne lui semble pas inquiétant, votre médecin généraliste vous prescrira très probablement un traitement symptomatique, sans forcément passer par la case “examen complémentaire”.
Source : https://santechienchat.com/vocabulaire-de-veto-comprenons-nous-mieux/